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Le Baji Quan, Boxe des 8 extrémités / 八极拳

 

 

Le Baji Quan (boxe des huit directions : 八極拳 ou 八极拳 en caractères simplifiés), appelé également Kaimen Baji Quan (開門八極拳 boxe des huit directions d’ouverture des portes) ou encore Yueshan Baji Quan (boxe des huit directions du mont Yueshan 岳山八極拳) est un style très ancien du nord de la Chine, puisant ses origines dans le comté de Cang (i.e. CangXian 滄縣) de la province du Hebei (河北). Ce comté est célèbre dans toute la Chine pour la pratique des arts martiaux, les habitants du CangXian ayant la réputation d’être de redoutables combattants, comme en témoignent divers dictons populaires tels que : « Les oies qui survolent le CangXian perdent leurs plumes », « Personne n’ose lancer une flèche vers le CangXian » ou encore « Si tu vas au CangXian pour te battre et que les hommes sont aux champs, les femmes seront heureuses de relever ton défi ».

Bien que vraisemblablement d’inspiration taoïste, pendant longtemps le Bajiquan ne s’est transmis qu’au sein de la minorité musulmane des Hui (回) du comté de Cang, dont il est devenu un style caractéristique. Etant donné le caractère conservateur de cette communauté, la transmission du Bajiquan est restée longtemps confinée à la province du Hebei et ce n’est qu’au début du 20ème siècle que ce style s’est peu à peu répandu vers le reste de la Chine, puis vers l’occident. A l’origine, le Baji Quan était enseigné conjointement avec un autre style, le PiGua Quan (劈掛拳 poing qui fend et écarte), au sein d’un même système. Ainsi, il est souvent difficile de distinguer l’histoire des deux styles et leur lignée respective. Toujours est-il que ces deux styles ont acquis la réputation d’être d’une redoutable efficacité en combat rapproché, efficacité illustrée une fois de plus par quelques dictons : « Même les dieux ont peur des maîtres de Baji Quan », « Quand le Baji Quan et le Pigua Zhang sont combinés, les dieux et les démons sont terrifiés ».

Histoire du BajiQuan

Comme cité ci-dessus, le Baji Quan est un style très ancien, dont il est difficile de dater précisément l’origine. On retrouve les premières traces écrites sur le Baji Quan au début de la dynastie des Ming (明朝 1368-1644) dans un ouvrage de stratégie militaire écrit par le général Qi JiGuang (戚繼光) qui fait une courte référence à ce style. Il est à noter qu’à cette époque, le style était appelé Pazi Quan (耙子拳) ou Bazi Quan (扒子拳) qui signifie « boxe du râteau », certainement en référence à la forme du poing mi-fermé spécifique de ce style. Au début de la dynastie Qing (清朝 1644 – 1911), le nom du style fut remplacé par « Baji Quan » dont la prononciation est proche du nom d’origine. Les raisons de ce changement restent encore floues, mais on peu supposer qu’elles sont liées au caractère inesthétique du nom d’origine, à la référence aux déplacements dans les 8 directions du style ou encore aux origines taoïstes du Baji Quan.
Le premier pratiquant de Baji Quan dont on retrouve la trace écrite est Wu Zhong (吳鐘 1712-1802), jeune musulman qui vécut au village de MengCun (孟村) du conté de Cang, village considéré comme le foyer du Baji Quan. Plusieurs versions diffèrent quant à l’origine du style. La version la plus courante se base sur les archives du comté de Cang, qui mentionnent qu’un moine taoïste itinérant du nom de Lai (癩) et son disciple Pi (癖) enseignèrent le Baji Quan, le Pigua Zhang et le maniement de la grande lance à Wu Zhong. L’origine de Lai et Pi reste aujourd’hui encore inconnue, et il est plus raisonnable de croire que WuZhong a forgé sa propre pratique auprès des différents maîtres de la région de MengCun. Wu Zhong transmit son enseignement à sa fille Wu Rong (吳榮) et à d’autres membres de sa famille, ainsi qu’à certains habitants de MengCun. Wu Rong se maria et partit s’installer au village voisin de LuoTuan (羅疃), où, pour des raisons inconnues, elle choisit de n’enseigner que le Pigua Zhang. Après le départ de sa fille, Wu Zhong adopta un de ses neveux éloignés, Wu Yong, à qui il transmit tout son savoir et dont les descendants sont considérés comme les héritiers officiels de Wu Zhong. Dans la génération de pratiquants suivants, on retrouve notamment la mention de Wu Kai, fils de Wu Yong et de Wang ZhangXi (王張錫), Li DaZhong (李大忠) et ZhangKeming (張克明), tous trois originaires de LuoTuan et pratiquant de Pigua Zhang, qui vinrent à MengCun étudier le Baji Quan. Ainsi, des échanges fréquents eurent lieu entre les pratiquants des deux styles, ce qui explique que tout au long de l’histoire, de nombreux pratiquants célèbres de Baji Quan furent issus de LuoTuan comme de MengCun.

Maîtres célèbres et différents Courants du Baji quan

Lors des générations successives, le CangXian compta un grand nombre de pratiquants renommés issues des différentes lignées de pratiquants. Parmi ceux-ci, le plus célèbre fut certainement Li ShuWen (李書文 1864-1934). Issu d’une famille de fermiers du CangXian, Li ShuWen étudia le Baji Quan et le maniement de la grande lance auprès d’un pratiquant de MengCun puis étudia le Pigua Zhang auprès d’un des élèves de Zhang KeMing. En conséquence, il est considéré comme un des premiers à avoir réunifié et combiné ces deux styles. Li ShuWen fut un pratiquant acharné et atteint rapidement un niveau de maîtrise inégalé, en particulier dans l’art de la grande lance du Baji Quan, ce qui lui valut le surnom de « Li le dieu de la lance » (神槍李). Réputé et redouté pour son caractère abrupt et son efficacité au combat, Li ShuWen acquit en outre sa réputation du fait qu’il tua net certains de ses adversaires en leur assenant un seul coup, sans que ceux-ci n’aient le temps de lui porter la moindre attaque. Li ShuWen se confronta tout au long de sa vie à de nombreux pratiquants d’arts martiaux des provinces du nord-est de la Chine (Henan, Hebei, Shandong, etc.), ceci sans jamais essuyer de défaite.
Critiquant le caractère conservateur de l’enseignement du Baji Quan, Li ShuWen accepta de nombreux élèves, dont certains étaient des militaires de haut rang, et qui propagèrent le Baji Quan dans le reste du nord de la Chine. Parmi ses disciples, son premier élève Huo DianGe (霍殿閣) devint le garde du corps de PuYi (溥儀), le dernier empereur Qing. Le plus célèbre des élèves de Li ShuWen fut certainement son dernier disciple Liu YunQiao (劉雲樵 1909 - 1992) qui suivit l’enseignement de Li jusqu’à la mort de celui-ci (de 1916 à 1934).


Après la mort de Li ShuWen, Liu YunQiao entra dans l’armée chinoise, et en 1949, il immigra avec le gouvernement nationaliste de Chiang KaiChek (蔣介石) sur l’île de Taiwan. Liu YunQiao devint entraîneur de la garde personnelle du président Taiwanais et eut par la suite un très grand nombre d’élèves dont certains immigrèrent vers l’Europe et les Etats-Unis, ce qui permit de faire connaître le Baji Quan et le Pigua Zhang hors des frontières de la Chine.

A l’instar de Liu YunQiao, d’autres maîtres de Baji Quan (et de nombreux autres styles d’arts martiaux) vinrent s’installer à Taiwan pendant les années 50, si bien que l’île devint par la suite un important foyer de développement de ce style. Parmi les autres grands maîtres taiwanais, il convient de citer Huang GuoZhen (黃國真), réputé pour son enseignement du Bagua Zhang (八卦掌), XingYi Quan (形意拳)et Baji Quan. Huang GuoZhen, est le fils de Huang BoNian (黃柏年1880-1954), surnommé « Huang aux mains rapides », célèbre maître de XingYi Quan et Bagua Zhang du début du XXe siècle, auteur de plusieurs ouvrages de référence sur ces deux styles. Huang BoNian enseigna le Xing Yi Quan pendant quelques années à l’école centrale de Nanjing, et c’est dans cette institution que Huang GuoZhen reçut l’essentiel de sa formation en arts martiaux. Lors de la révolution communiste, Huang GuoZhen s’installa à Taipei pour y occuper un poste important dans la police locale. Bien que Huang GuoZhen et Liu YunQiao eurent l’occasion de se rencontrer pendant leur période d’activité, leurs systèmes respectifs étaient quelque peu différents, car vers la fin de son existence Li ShuWen réorganisa son enseignement du BajiQuan, ce qui conféra un caractère particulier au style transmis par la suite par Liu YunQiao.

A l’heure actuelle, il existe différents styles de Baji Quan qui se sont constitués au fil de sa transmission par les différentes familles de pratiquants. Parmi celles-ci on distingue entre autre :

- le Baji de la famille Qiang (強氏八極拳) issu de l’enseignement de Wang ZhangXi,
- le Baji de la famille Ji (季氏八極拳) issue également de l’enseignement de Wang ZhangXi et dont le représentant actuel (Ji ZhaoHua 季昭華) fut également l’élève de Liu YunQiao,
- le Baji de la famille Huo ou Baji Quan de ChangChun (霍氏八極拳 ou 長春八極拳) issu de l’enseignement de Huo DianGe
- le Baji de NanJing (南京八極拳) introduit à l’Ecole Centrale d’arts martiaux de NanJing par un groupe d’élèves de Li ShuWen,
- le Baji du palais impérial (大内八極拳) issu de l’enseignement de Liu YunQiao,
- le Baji de la famille Li (李氏八極拳) enseigné à LuoTuan par les descendants de Li DaZhong,
- le Baji de la famille Wu (呉氏八極拳) enseigné à MengCun par les descendants de Wu Zhong.

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Photo prise en 1982 à l'occasion de la visite de la 1ere délégation japonaise à Mengcun, avec les officiels du comté de Mengcun et quelques légendes du Baji : 1) Wu DeLong (1924-1997), cousin et disciple de Wu XiuFeng, 2) Shifu Wu LianZhi, 3) son neveu et disciple Li JunYi, 4) Yang GuoMing, disciple de Li JunYi, 5) Chang YuGang, disciple de Wu LianZhi, 6) Hu YiZhong (1923-2008), fils adoptif de Wu HuiQing, 7) Wu ZhaoHai (1912-1988), cousin et disciple de Wu XiuFeng ... Wu DaWei doit être un des enfants assis devant ...

Spécificités du Baji Quan

Malgré les divergences qui existent au sein du style, les différents courants du Baji Quan forment un ensemble très cohérent dont les mouvements sont immédiatement identifiables. Les déplacements du Baji Quan ont pour particularités de s’inspirer de ceux du tigre et de l’ours et allient puissance et rapidité. Les positions adoptées sont souvent basses et stables, les mouvements « acrobatiques » étant proscrits. Par ailleurs, on utilise toutes les parties du corps pour frapper : pieds, genoux, poings, épaules, dos, anches, et utilisation fréquente des coudes. Le BajiQuan est résolument un style de combat à courte distance (corps à corps) avec un usage fréquent de projections et de frappes ou torsion sur les articulations, cette caractéristique ayant valu à ce style le surnom de « style des gardes du corps ». Une des caractéristiques principales du Baji Quan est également de faire usage de frappes « explosives », afin de favoriser la projection d’énergie interne (FaJing). Ces mouvements font appel à la force du corps et pour obtenir une efficacité maximale, nécessitent une parfaite coordination entre les différents membres ainsi qu’une totale décontraction entre les frappes. Sur ce point, le Baji Quan présente certaines similitudes avec le Taiji Quan de style Chen (陳氏太極拳), ce qui est confirmé par le fait que Liu YunQiao et Chen FaKe (陳發科 grand maître de Taiji Chen) se rencontrèrent à Pékin en 1928 pour une rencontre d’échange amicale pendant laquelle ils furent surpris de constater un grand nombre de points communs entre leur deux styles.

La pratique des armes fait appel aux armes traditionnelles des arts martiaux chinois (bâton, épée, sabre, hallebarde) ainsi qu’à une arme spécifique du Baji Quan : la grande lance des six harmonies (六合大槍). Comparé aux lances utilisées dans les autres styles chinois ; cette lance a la particularité de mesurer au moins trois mètre de long et d’être lourde et rigide. Son maniement requiert à la fois force physique et coordination du corps avec les mouvements de la lance.

 


Techniques

En Baji Quan, les mouvements sont rapides et puissants, le bas du corps est stable. On utilise souvent les coudes, les épaules, le dos, les hanches. Il existe trois types de forces : beng (effondrement), han (secousse), tu (percement), ji (frappe), ai (poussée), chuo (enfoncement), ji (refoulement), kao (penchement), zhuangkaojing (poussée et penchement) et chuankunjing (enrouler et nouer). On exploite également une respiration spécifique en coordination avec la projection de la force.

Il y a :

  • 4 types de pas : mabu, banmabu, gongbu, xubu

  • 2 types de mouvements : nianbu (déplacement du moulin), mobu (déplacement en frottement)

  • 4 principes de combat : da (frapper), shuai (lancer les bras comme un fouet), na (saisir), tui (pousser). 

Les enchaînements de base sont Liudakai ("6 grandes ouvertures" ou "faire 6 trous") et Badazhao ("8 grandes méthodes"). Les autres enchaînements sont Liuzhoutou ("6 fins de coudes"), Baji Xiaojia ("petit enchaînement de Baji Quan"), Yingshouquan ("poing des mains répondantes", qui contient 48 blocages et 64 méthodes de main), Bajiquan (ou Baji duijie, "enchaînement du Baji Quan à deux"), Gonggong Baji ("Baji Quan du travail de l'acier"), Baji Sshuanggui ("2 ornières du Baji Quan")...

Les enchaînements avec armes sont Yezhan Dao ("épée à deux tranchants du combat de nuit"), Ti Lliu Piaoyao Dao ("porter l'épée à deux tranchants du saule remuant"), Liuhe Daqiang ("grande lance des 6 combinaisons"), Liuhe Huaqiang ("lance bourgeon des 6 combinaisons"), Lianhuan Jian ("épée continue"), Jiugong Chunyan Jjian ("épée des 9 palais du yang pur"), Danzhi Gou ("crochet unique"), Baji Jjian ("épée du baji")

Les enchaînements à deux sont Duizha Daliuheqiang ("poussées mutuelles avec les grandes lances des 6 combinaisons") et Yezhan Jiumen Shisan Ddaodian ("poussées des 13 épées à deux tranchants des 9 portes du combat de nuit").

Texte pris sur le site de kungfuparis.

Autre texte sur l'histoire du Baji Quan: http://www.lartdelavoie.com/baji-quan

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